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Blessures secrètes page publique
Je viens seulement de me lever, il est pratiquement midi. Donc encore une journée que je vais passer sans sortir et sans rien faire. Je n'ai plus aucune énergie.
Avant de me lever, j'ai repenséà toutes ces choses qui m'ont blessées par le passé et qui font que maintenant j'en lui là. Car il n'y a pas que le chagrin de t'avoir perdu qui me plonge dans cette dépression. Toi tu as été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Je ne devrais pas repenser à tous ces souvenirs douloureux mais c'est plus fort que moi. Il faut que je me fasse le plus de mal possible, je le mérite car je suis nulle.
Ma première blessure, je l'ai déjà raconté. Petite fille ronde par rapport à ses petits camarades et des phrases assassines genre : oh le petit tonneau ou non tu es trop grosse, je ne veux pas de toi dans mon équipe pour jouer au ballon. Ces phrases sont gravées dans ma mémoire et même si un jour je ne pèsse plus que 40 kg, je me considérerai toujours comme une grosse.
Ma deuxième blessure est venue de ma mère. Un jour en faisant le ménage à fond dans ma chambre, elle a lu mon journal intime. Quand j'étais ado, j'écrivais sur un cahier (un vrai et pas sur le net qui n'existait pas encore) et je le cachais sous un tiroir de mon secrétaire. Mais ma mère, maniaque de l'ordre et de la poussière, un jour a décidé de défaire tous mes tiroirs pour mieux les ranger !
Elle ne m'a jamais dit qu'elle avait lu mon cahier mais le soir en rentrant de l'école, je me suis rendue compte que mon tiroir n'était plus en l'état ou je l'avais laissé et en lui demandant, elle m'a répondu, les larmes aux yeux, qu'elle l'avait rangé.
J'ai été mortifiée au delà de ce que pouvais imaginer. Je m'en rappelle encore, ça m'a coupée la respiration, j'ai failli lui crier et tu as lu mon journal ? Mais je n'ai rien dit et elle non plus.
Sur ce cahier, j'avais noté tous mes émois d'adolescente, mes coups de coeurs pour des garçons qui me plaisaient. Ca, ça n'était pas encore trop intime mais j'avais noté que je commençais à ressentir des choses bizarres dans mon corps quand je voyais des films où un couple s'embrassait et que je commençais aussi à me toucher.
J'ai mis des mois à m'en remettre. Ma mère aussi certainement. Je pense que le plus grave c'est que ni l'une ni l'autre n'ayons crevé l'abcès.
J'en devenais paranoïaque. J'avais l'impression qu'elle en avait parlé à toute ma famille et à tous mes amis et dès que quelqu'un me disait quelque chose où me regardait, je pensais immédiatement qu'ils étaient au courant de mon immoralité.
Finalement, je crois que je ne m'en suis jamais vraiment remise et cette blessure est toujours enfouie très profondémment en moi. Car le simple fait de coucher ça sur ce journal, fait battre mon coeur tellement je me rappelle l'état dans lequel j'étais.
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