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j'ai le mal de mer Journal intime créé par fancy

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Ce journal est partiellement publique
Journal public


Préface
 Mais j'peux pas me resoudre à tout arreter ...
 Tu te souviens ?
 Summer 78
 Article cliché, ma vie est cliché
 Une boule de neige bloquée au fond du coeur
 Ma nevrose
 Arme de desctruction massive
 J'me suis faite toute ptite d'vant une poupée ..
 On savait
10   Maux à mots
11   But If you wanna leave, take good care.
12   Comme une ombre
13   Bouquet de nerfs
14   naufrage
15   Droit dans le mur.
16   Si je sers si fort ta main c'est pour que personne d'autre ne la prenne.
17   SPLASH
18   ain't no sunshine
19   Mon amour hélas, le temps passe.
20   dépêche toi
21   quand je m'enfonce et qu'tu t'en fous.
22   Nous n'avons fait que fuir
23   La fin du bal
24   As-tu moins froid maintenant ?
25   je te dirai les mots bleus, les mots qu'on dit quand on est vieux
26   I'm glad I spend it with you
27   Prend garde à moi
28   J'y suis restée bouche bée
29   j'ai pas cent ans, je faisais semblant.
30   à la cantine du Trianon
31   t'as dut d'gourrer d'trottoir
32   Les yeux couleurs menthe à l'eau
33   Et puis j'ai froid quand t'es pas là.
34   Quand tu l'as rencontré, t'as dut t'tromper d'histoire.
35   J'ai peur sans toi
36   je m'enfouis, je m'en fous
37   j'abdique
38   betrayed by the black velvet band
39   Page sans titre
40   Batard sensible
41   éteins la lumière
42   You're everything you're trying to make me believe
43   I wanna kiss you to make you feel alright
44   A quoi pense celui qui fait du bien, à quoi pense celui qui fait du mal
45   à la douce peur qui tord mes entrailles quand je te croise le soir un peu trop tard
46  Barbès Clichy
Barbès Clichy      page publique

Ça fait des mois que j'ai envie de t'écrire. Vu que je n'en ai pas le courage j'ai repensé à ici, où j'écris de temps en temps depuis plus de dix ans. Je suis même plus sure parfois de savoir à qui j'écrivais, ni même combien de garçons ont traversé ces pages pendant ces dix dernières années.
Mais j'arrive pas à me dire que dans dix ans j'arriverai plus à mettre un nom sur ces lignes. T'as tellement tout bouleversé, foutu en l'air, dans un grand tourbillon. Ou c'est moi qui l'ai fait, et tu t'es contenté de me regarder, de loin, jusqu'à ce que tu n'en puisses plus. Et depuis ça me ronge.

Il y a un an j'ai débarqué à la terrasse d'un café et t'étais là. Pas mon style, pas mon genre, pas mon monde. Tu pues le fric et l'alcool, et je te traite de gros con sur les pavés de la rue Princesse. J'ai du champagne partout sur ma robe et ton sourire en coin m'énerve déjà. Tu connais tout le monde dans ces endroits qui puent l'entre soi et où les filles sont toutes plus belles et moins habillées que moi. Ça m'énerve mais tu m'intrigues, et les vodka au poivre dans les sous sols du théâtre du Chatelet achèvent de brouiller mes idées. Tu vas trop vite, tu parles à tout le monde, tu cours sans arrêt, j'arrive pas à te suivre, ça m'énerve. Je déteste suivre et tu ne me laisses pas le choix. Tu me traines dans des lieux, me couvre de cadeaux et d'attentions, et tout ce sucre me monte à la tête et me donne la migraine.
Et puis un soir le masque tombe et je peux regarder de l'autre côté. Au final t'es comme moi, un putain de transfuge perdu dans les soirées parisiennes. Je rencontre ta famille à la campagne, tes amis aux quatre coins du monde qui ont tous sur toi des histoires merveilleuses. Je découvre ta lumière, ton désir de partage, ton amour, ta douceur. Tu connais toutes mes chansons d'ado, t'as les même histoires de feu de camps, de jeans trop larges et de canettes de 8°6. Mais j'étais pas prête et j'ai pris la fuite.

"Ah on va s'engueuler tous les deux". Aujourd'hui encore je te revois me sussurer cette phrase à l'oreille un soir où je baissais la garde. T'avais raison. On c'est engueulés partout: dans les rues de Paris, dans ton appartement, dans les petites boites clinquantes que j'execre et dans les rades de Strasbourg St Denis qui te faisaient lever les yeux au ciel. Sur la plage, au milieu des rochers, au milieu des bals de village et sur des bateaux en vacances. Mais tu m'as suivie, partout. Jamais tu n'as laissé tomber. J'ai pleuré dans des ascenseurs, des parcs, des rues vides ou pleines de monde. J'ai fait demi tour dans des files d'attente sans que tu t'en aperçoives, t'ai semé dans des salons où je m'ennuyais à mourir, ai quitté des restaurants quand tu devenais vulgaire. Mais t'as toujours sut quoi faire, tu m'as apprivoisée, tu as mit la chanson qu'il fallait au moment où il fallait. Tu m'as laissée crier quand il fallait, respirer quand il fallait. Je me suis habituée à toi, jusqu'à ne plus pouvoir voir le quotidien sans toi. Même de loin, même à l'autre bout du monde, j'avais juste besoin de savoir que de quelque part tu pensais à moi.

Et c'est là que du jour au lendemain t'as disparu. T'as dis que c'était la goutte de trop. Que t'en avais marre, que si je voulais pas de toi après tout t'avais pas besoin de moi.
Alors j'ai craqué, après deux mois à ressasser, à tourner en rond, à parler de toi à tout le monde et à me ronger les sangs, je t'ai demandé si je pouvais te rejoindre. Tu m'as laissée entrer, tu m'as encensée, adorée, tu m'as promis la lune. Je t'ai dis que cette fois je partirai plus, et c'était vrai. J'avais plus envie d'avoir peur, plus envie de faire semblant de pas comprendre pourquoi je revenais toujours, de me mentir à moi même.
Et le lendemain tout était fini sans que je comprenne vraiment pourquoi. Le rideau c'est refermé et tu es redevenu le mec execrable de la rue Princesse, transpirant ta solitude dans les endroits bondés, toujours entouré, ironique, cinglant. Tu arrives et repart sans que je puisse suivre, tu me fermes des portes au visage et me dit que vraiment la déception ne me sied pas. Tu mords, tu piques, et quand je crois que tu t'adoucis tu tournes de nouveau les talons. Comme dans une mauvaise rupture je peux pas m'empêcher de chercher la personne que je connais sous ce rempart métallique, mais c'est comme si y'avais plus rien. Un soir tu me fais du rentre dedans avec vulgarité, à croire que tu attends juste de savoir si j'aurai le cran de te mettre une claque, un soir tu m'ignores tout simplement et te plait à me regarder me débattre avec ma frustration de te voir à la fois si proche et si loin.
Alors j'attend.
Je sais même pas si tu te rends compte, de la persévérance dont je fais preuve. Je sais même pas, si il y a quelque chose à sauver ou si tu en penses encore à moi de temps en temps, en prenant ton café le matin. Je sais même pas si ça t'intéresse.
Mais tu t'es tellement débattu pendant tous ces mois que j'arrive pas à croire qu'il t'a suffit de claquer des doigts pour faire disparaitre notre histoire. Je me dis que c'est pas fini, que ça reviendra. Dans un mois, peut être 6, peut être plus. Que cette fois je gacherai pas tout.

Et si tu reviens pas après tout, qu'est-ce que ça fait ? J'en trouverai d'autres à aimer, qui me ressemblent plus et qui cochent toutes les cases. Des où je pourrai dire fièrement "il travaille dans l'art", dont j'étalerai la culture, qui auront le bon mot et la bonne tenue, qui me feront briller et m'aimeront avec tendresse. Des biens habillés, bien coiffés, bien intégrés.
Après tout tu le sais bien, "je ne suis pas de ces femmes qui meurent de chagrin, je n'ai pas la vertue des femmes de marin.".
Même si avec toi o mon amour, la tempête n'avait jamais parue si douce.