 Journal public |
|
|
|
Un texte très émouvant ...♥ 12/6/2016
Ma vie est un calvaire au bout de cette chaîne, Rivé à ce mur gris, me tenant prisonnier, J'aboie en gémissant, je crie au monde ma peine, Car je suis la sonnette vivant chez un fermier.
Passants qui me voyez, de moi ayez pitié Si vers vous, menaçant, je vous hurle ma haine, J'aurais besoin d'amour ou d'un peu d'amitié, Pour ma souffrance sur terre et pour mon cou qui saigne.
Et partout de la pub, on dépense des millions Pour vendre dans des boîtes des repas composés Alors que la misère et les faibles pensions Laissent à certains pauvres humains à peine de quoi manger.
J'ai beau être une bête, moi, j'observe les hommes, Les scandales, les dépenses et l'argent gaspillé. Des réceptions royales, des gabegies énormes, Ce siècle devient fou, mon Dieu, ayez pitié !
Pour moi, n'en parlons pas, je survis et c'est tout. Des restes de repas, une maigre pitance, Pas de boîtes machin, chose, ronron ou canigou, Pour moi, pas de caresses, de joies ou de dépenses.
Je sais et je connais de la gente canine Qui se goinfre de mets que voudraient des enfants, Et moi aussi, amis, je crie souvent famine, Je suis un pauvre chien, un chien de paysan.
Ah ! Si j'étais chasseur, un complice de crime Je serais bien nourri, adulé et aimé, Pour traquer d'autres bêtes, d'autres pauvres victimes De ces fous sanguinaires qui ne pensent qu'à tuer.
Mais ne suis qu'une sonnette, peu coûteuse alarme, Nous sommes des esclaves pour des hommes sans coeur, Nous aboyons sans cesse, vaine plainte sans larme, Nous aurions tant voulu connaître le bonheur.
Vous passez dans des rues de villes ou de villages, Nous sommes de pauvres vies asservies et sans joie, Nous tirons sur nos chaînes, poussant des cris de rage, Ayez pitié de nous, ayez pitié de moi.
Quel douloureux calvaire au bout de cette chaîne, Aimez bien votre chien, car nous sommes pleins d'amour J'aboie en gémissant, je crie au monde ma peine, Devrai-je donc souffrir jusqu'à mon dernier jour ?
|